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droit du camp où avait été logée la fille du roi, ayant vu plusieurs fois cette princesse, fut frappé de sa rare beauté et en devint si éperdument amoureux, qu’il crut pouvoir déclarer la violence de sa passion au ministre sous la tutelle duquel elle vivait, espérant obtenir de lui la permission de satisfaire ses désirs. Mais le ministre lui répondit que l’objet de sa passion étant déjà engagé ailleurs, il n’y avait pas moyen d’accueillir sa demande. En même temps, lui ayant appris l’histoire de la naissance et de l’éducation de cette fille, il lui fit part de l’embarras cruel dans lequel il se trouvait après avoir caché son sexe, et l’avoir fait passer jusqu’à ce jour pour un garçon, et supplia le géant de lui rendre un service important ; ce qu’il pourrait faire aisément par le moyen de son pouvoir surnaturel et de ses enchantemens. La grâce qu’il lui demandait était qu’il daignât donner pour cinq ou six jours seulement son sexe d’homme à la princesse, et prendre pour lui le sexe de femme pour le même espace de temps ; après quoi, il pourrait reprendre, s’il voulait, son propre sexe et rendre à la princesse le sien. Le géant accéda sans difficulté à la demande du ministre, et opéra aussitôt le changement que ce dernier avait désiré.