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LE JARDINIER

quatrième concombre lui est enlevé pour être servi, dit-on, à la table du prince ; enfin, sous divers prétextes, ses sept concombres lui sont tous extorqués l’un après l’autre avant qu’il arrive à la rue du marché, où il ne parvint que sa corbeille vide.

On peut se figurer la juste indignation du jardinier quand il se vit ainsi dépouillé par des gens qui tous paraissaient les agens de l’autorité. Il jura d’en avoir raison et résolut de tenter tous les moyens de se faire rendre justice, d’abord, en s’adressant aux autorités secondaires, ou s’il ne pouvait réussir de ce côté, il était déterminé à redoubler d’efforts pour faire parvenir jusqu’au pied du trône la connaissance des indignes manœuvres employées par les ministres pour opprimer les peuples et s’enrichir des dépouilles de la nation.

Il commença par s’adresser au ministre de la police ; celui-ci écouta à peine ses plaintes et répondit que des militaires se trouvant compromis dans cette affaire, il ne pouvait s’en mêler, et qu’il fallait s’adresser directement au dalavahy ou ministre de la guerre. Ce dernier, quand il sut que ce jardinier venait lui porter des plaintes sur quelque injustice commise envers lui, le fit attendre plusieurs jours avant de