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LE JARDINIER DEVENU MINISTRE.

Aussi le prince ne connaissait-il rien de l’état de son royaume que ce qu’il en apprenait par les faux rapports de ces ministres infidèles ou de leurs complices, qui tous avaient le plus grand intérêt à arrêter la vérité avant qu’elle n’arrivât jusqu’au pied du trône.

Tout le royaume était dans un état violent de fermentation, et les sujets de toutes les castes et de toutes les conditions criaient hautement à l’injustice et à la tyrannie.

Sur ces entrefaites, un jardinier qui vivait dans le voisinage de la ville royale, y vint un jour pour vendre au marché public sept concombres qu’il portait sur sa tête dans une petite corbeille. À peu de distance de la première porte de la ville, il passa devant une douane, où il fut arrêté par le douanier, qui lui demanda un de ses concombres, prétendant que c’était le droit qu’il avait coutume de lever sur cette espèce de denrée. Le jardinier le satisfait, et traverse la première porte ; là, arrêté par la sentinelle, il donne un autre de ses concombres, comme un droit dû à la garde de la place. Il arrive à une autre porte, nouvelle arrestation par une autre sentinelle, qui lui prend encore un concombre, droit ordinaire, disait-il, dû au commandant de la place. Un peu plus loin, un