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APPADJY.

Un jour, Appadjy se trouvait à la cour, le roi lui rappela la question qu’il lui avait auparavant proposée. Appadjy, lui dit-il, eh ! bien, qu’as-tu décidé ? Qui doit-on accuser de ridicule, les usages ou les hommes ? Est-il vrai que, dans leurs pratiques religieuses et civiles, les hommes ne suivent que la routine, qu’ils ne font que ce qu’ils voient faire aux autres ? Et pourrais-tu me prouver qu’il suffit que quelqu’un donne le ton pour que la multitude suive aveuglément et sans réflexion la route qui lui a été tracée ?

Appadjy n’attendait que l’occasion de parler ; il entendit avec plaisir le roi lui rappeler cette question, et quand il eut reçu la permission de s’exprimer sans déguisement : Grand roi ! lui dit-il, cette question est jugée sans retour, c’est vous-même qui l’avez résolue. Vous souvient-il d’une visite que vous n’avez pas dédaigné de faire, il y a quelques jours, à la caverne de la montagne voisine pour y voir le grand pénitent qui était venu y faire sa demeure ? Eh ! bien, ce saint homme, ce personnage illustre n’est rien de plus que le berger qui, depuis bien des années, est occupé à faire paître mes troupeaux, un rustre qui, par ses manières grossières et dégoûtantes, ne peut inspirer que du mépris pour sa