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APPADJY.

arracher, les uns après les autres, tous les poils qu’il avait sur le corps. On pense bien qu’il était loin d’être satisfait de toute cette comédie ; il ne fallait rien moins que la crainte de la colère de son maître, et l’espoir que cette farce jouée à ses dépens allait bientôt finir, pour le contenir et l’empêcher de déclarer ce qu’il était réellement. Qu’avais-je à faire, se disait-il en lui-même, de me charger d’un rôle qui m’expose à tant de souffrances ? J’aimerais cent fois mieux, au milieu de mon troupeau, entendre les rugissemens des tigres des forêts, que d’entendre les cris de joie et les acclamations de cette multitude insensée. Auprès de mes moutons, à l’heure qu’il est, j’aurais déjà fait mes deux repas, et depuis deux jours je suis à jeun, ignorant encore quand et comment se terminera cette scène.

Pendant que le prétendu sanniassy s’abandonnait à ces tristes réflexions, on arriva au palais du roi, et il fut transporté dans un superbe appartement, où il ne tarda pas à recevoir la visite des princesses. Elles vinrent d’abord se prosterner à ses pieds les unes après les autres, et après l’avoir admiré quelque temps en silence, chacune d’elles désira posséder un de ses poils pour l’enchâsser dans une boîte d’or et le placer parmi ses plus précieux joyaux. Vainement en