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APPADJY.

qu’on vient de rapporter. Il espérait fixer sur lui au moins un des regards du saint homme ; mais tout fut inutile. Le pénitent continua de rester immobile dans la même posture, comme un homme absorbé tout entier dans la contemplation.

Le prince se disposait à reprendre la route de son palais, lorsque son ministre, auteur de cette comédie, l’arrêta : Grand roi, lui dit-il, après être venu si loin pour visiter le saint personnage qui va désormais devenir à juste titre l’objet de la vénération publique, le quitterez-vous sans avoir reçu de lui sa bénédiction ou quelque autre don qui puisse amener le bonheur sur le reste de vos jours ? Ce pénitent, plongé dans la méditation, ne peut vous adresser la parole ; cependant vous devez tâcher d’obtenir de lui quelque don, ne fût-ce qu’un des poils dont il a le corps tout couvert.

Le roi goûta l’avis de son premier ministre ; il s’approcha du sanniassy, et lui arracha adroitement un des poils qui lui couvraient la poitrine. Je veux le conserver toute ma vie, dit-il ; je le ferai enchâsser dans une boîte d’or que je porterai toujours suspendue à mon cou, comme le plus précieux de tous mes joyaux, ne doutant point qu’une pareille relique ne soit pour moi un talisman contre tous les accidens, et la