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APPADJY.

intime avec la divinité, il se sentit déjà saisi d’une crainte religieuse, et il ne loucha le seuil de ce lieu sacré qu’avec les marques du plus profond respect : bientôt il aperçut l’objet qu’il cherchait avec tant d’empressement ; il s’arrêta quelque temps pour le contempler en silence ; il vit une forme humaine assise sur une peau de gazelle, d’un côté une courge remplie d’eau, et de l’autre un bâton de bambou à sept nœuds. La tête inclinée et les yeux fixes dirigés vers la terre, les narines bouchées d’une main, le sommet de la tête couvert par l’autre main, le pénitent entièrement absorbé dans la méditation, avait le corps aussi immobile que le rocher sous lequel il avait trouvé un asile. À cette vue, le roi s’approcha dans un saint recueillement, et pénétré du plus profond respect, il se prosterna trois fois aux pieds du sanniassy et lui adressa la parole en ces termes :

« Grand pénitent, béni soit le destin qui m’a fait vivre jusqu’à ce jour pour me permettre de jouir du bonheur ineffable de voir vos pieds sacrés. Je ne sais d’où peut me venir une pareille félicité. Le peu de bonnes œuvres que j’ai pratiquées durant cette génération, ne peuvent pas me l’avoir méritée, et je ne saurais l’attribuer qu’aux vertus de mes ancêtres ou à