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APPADJY.

immobile dans la posture que je viens de te prescrire ; et quelque tourment qu’on te fasse endurer, quand bien même on t’arracherait tous les poils du corps les uns après les autres, souviens-toi de paraître entièrement insensible ; de ne laisser échapper aucun signe de douleur, de ne pas prononcer une seule parole, de ne détourner tes regards sur personne, en un mot de présenter l’apparence d’un homme entièrement absorbé dans la méditation. Berger, tu as entendu mes ordres : si tu as le malheur de t’en écarter un instant, il y va de ta vie ; si au contraire tu les exécutes fidèlement, une généreuse récompense t’est réservée.

Le berger d’Appadjy, accoutumé toute sa vie à faire paître les moutons, ne se sentait nullement tenté de changer sa condition pour celle de sanniassy ; cependant le ton de son maître était si impératif, qu’il vit bien que toutes les représentations seraient inutiles ; il fallut donc obéir, et se préparer à jouer le rôle de pénitent. Tous ses préparatifs faits, il se rendit à la caverne indiquée ; et bien résolu d’exécuter les ordres de son maître, il y attendit l’événement.

Cependant Appadjy s’était rendu au palais : il y trouva le roi environné de tous ses courtisans,