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ET SON DISCIPLE.

tremblant, n’avait pas la force de prononcer une seule parole ; il se prosterna devant lui et lui saisit les pieds, lui jurant qu’il ne le lâcherait pas, et qu’il voulait mourir avec lui.

Le gourou ne reprit ses sens que pour accabler d’injures et de malédictions son malin disciple. Cependant, après avoir déchargé sa bile, voyant qu’il n’y avait pas d’autre moyen de se tirer d’affaire que de se noyer avec son disciple ou d’absoudre ce dernier, il changea bientôt de langage, et le regardant d’un air plus calme : Après tout, lui dit-il, est-ce donc un si grand malheur que de perdre une petite pierre ? Car, tout bien considéré, le lingam n’est autre chose qu’une pierre ; et en faisant chacun la dépense de deux liards, nous pourrons nous en procurer un autre semblable à celui que nous avons perdu. Lâche-moi donc les pieds ; lève-toi et suis-moi à mon mata où j’ai plusieurs lingams de rechange. Nous en prendrons chacun un, sans qu’il soit nécessaire de perdre la vie pour réparer la perte que nous avons faite.

FIN DU CONTE QUATRIÈME.