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LE DJANGOUMA

votre lingam, je veux l’adorer et lui offrir un dernier sacrifice, après quoi je mourrai content. Le djangouma ne se défiant de rien, consentit sans difficulté à cette nouvelle demande de son disciple. Celui-ci vint sur le bord recevoir le lingam de son gourou, et rentra dans l’étang. Quand il eut de l’eau jusqu’au cou, il laissa tomber, comme par accident, le lingam qu’il tenait entre ses mains, et se tournant vers le djangouma, il s’écria avec l’apparence d’une vive émotion : Ah seigneur ! ah seigneur gourou ! quel autre malheur ! quel grand malheur ! votre lingam est aussi perdu, il vient de m’échapper des mains et il est tombé au fond de l’étang. Quel événement cruel ! que je plains votre destinée ! car pour moi, si ce n’était l’attachement que je vous porte, cet accident, tout déplorable qu’il est, je devrais le bénir, puisqu’il va me devenir une source de bonheur en me procurant le précieux avantage de mourir en compagnie avec mon gourou, mon guide spirituel. Oui, seigneur gourou, nous mourrons ensemble, puisque nous avons perdu l’un et l’autre notre lingam ; je mourrai avec vous et à vos pieds, et j’espère que vous voudrez bien me conduire à votre suite au paradis du Dieu Siva. En disant ces mots, le disciple s’approcha du djangouma, qui, pâle et