Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
375
ET SON DISCIPLE.

de mort que vous venez de m’indiquer, m’arracher moi-même la langue, ou me laisser suffoquer à la fumée d’encens, me paraissent des supplices trop terribles, et je ne possède ni assez de courage ni assez de fermeté pour les subir. Je préfère mourir en me noyant dans l’étang. Je me plongerai petit à petit dans l’eau, et par ce moyen je perdrai pour ainsi dire la vie sans m’en apercevoir. Avant de mourir, j’ai une grâce à vous demander, c’est que vous veuillez bien m’accompagner jusqu’à l’étang pour m’encourager à la mort et me donner votre assirvahdam (bénédiction).

Le djangouma, satisfait des dispositions de son disciple, accéda volontiers à ses désirs, et le suivit jusqu’au bord de l’étang, dans lequel celui-ci s’avança avec beaucoup de fermeté. Le gourou le regardait de loin et l’exhortait à se soumettre courageusement à sa destinée. Il lui représentait le bonheur auquel il allait bientôt avoir part dans le kailanam[1]. Le disciple s’enfonça petit à petit dans l’eau jusqu’au cou. Se tournant alors vers le djangouma : Seigneur gourou, lui dit-il, sur le point de mourir, encore une dernière grâce : daignez me prêter un instant

  1. Nom du paradis de Siva.