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LE DJANGOUMA ET SON DISCIPLE.

dit-il d’un ton lamentable, il m’est arrivé un cruel malheur ; j’ai perdu le Dieu que vous aviez vous-même suspendu à mon cou. Dans le temps que je me préparais à offrir à mon lingam le sacrifice ordinaire, un maudit singe est venu et l’a enlevé sans que je m’en aperçusse. Je l’ai cherché de tous côtés, mais il m’a été impossible de le trouver ; je viens maintenant vous demander conseil et vous supplier de m’indiquer les moyens de réparer cette perte déplorable.

Malheureux ! répondit le djangouma ! tu as perdu ton lingam ! ton dieu ! Il ne pouvait rien t’arriver de pire dans le monde ! Maintenant il ne te reste d’autre voie pour réparer ce malheur que de perdre la vie ; après avoir perdu ton lingam, il faut mourir[1] voilà le seul moyen d’apaiser la colère du Dieu Siva, irrité contre toi.

On pense bien que cette terrible apostrophe du djangouma ne consola pas le lingamiste. Il paraissait profondément affligé de la sentence de mort qu’il venait d’entendre prononcer, et lorsqu’il eut repris ses sens : Est-ce donc ainsi,

  1. C’est une maxime encore soutenue par les djangoumas ou prêtres de Siva, que celui qui perd son lingam doit perdre la vie.