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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

pagodes comme une réparation d’honneur envers mon beau-père ; on m’aurait même exclu de la caste pour toujours, si ce n’eût été un reste de considération que tout le monde conservait pour la mémoire de feu mon père, homme universellement respecté. On fit en même temps défense de jamais donner d’autre femme à un fou tel que moi, sous peine, pour celui qui le ferait, d’être ignominieusement chassé de la caste, et je suis ainsi condamné à rester veuf toute ma vie.

Maintenant, dit le narrateur en finissant, j’espère que vous ne jugerez pas ma folie inférieure à celle des personnes qui ont parlé avant moi, ni mes prétentions déraisonnables si j’ose m’attribuer le salut du soldat.

Les quatre brahmes entendus, il restait à juger. Les arbitres décidèrent qu’après des preuves si convaincantes de folie, chacun d’eux pouvait prétendre avec justice à la supériorité : Ainsi, dirent-ils, chacun de vous a gagné son procès ; allez donc et continuez votre voyage en paix, s’il est possible.

Les plaideurs, satisfaits de cette décision, partirent à l’instant, criant chacun de leur côté : J’ai gagné ! j’ai gagné mon procès !

FIN DU CONTE TROISIÈME.