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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

manière honnête dont j’avais été reçu et congédié par mon beau-père ; je lui rapportai qu’ayant été surpris en route par la chaleur du midi, ma femme avait été sur le point d’être suffoquée par l’ardeur du soleil ; que dans cette extrémité, pour la préserver d’une mort certaine, et ne pas m’exposer au soupçon de l’avoir tuée, je l’avais livrée à un marchand qui passait ; en même temps je lui montrai les trente pagodes que j’avais reçues de lui.

Ma mère, entrant en fureur à ce récit, se mit à pousser contre moi des cris de rage : Malheureux ! insensé ! scélérat ! me dit-elle, tu as vendu ta femme ! tu l’as donnée à un autre ! une brahmmady est devenue la concubine d’un vil marchand ! eh ! que diront ses parens et les nôtres lorsqu’ils entendront le récit d’une pareille stupidité, d’un trait si humiliant de folie ?

Les parens de ma femme ne furent pas long-temps sans apprendre la triste aventure arrivée à leur pauvre fille, ils accoururent chez nous en furieux ; et ils m’auraient assurément assommé, ainsi que ma mère innocente, si nous ne nous fussions promptement évadés l’un et l’autre.

Ils portèrent l’affaire devant les chefs de la caste, qui tous, d’une voix unanime, me condamnèrent à payer une amende de deux cents