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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

chaleur il était également dangereux pour une jeune femme aussi délicate de rester ou de marcher ; que de toute façon la mort de ma femme était certaine, et que plutôt que de m’exposer à la douleur de la voir périr sous mes yeux, ou peut-être même à être soupçonné de l’avoir tuée, je ferais bien de la lui remettre ; qu’il la ferait monter sur un de ses meilleurs bœufs, l’emmènerait avec lui et en prendrait le plus grand soin ; qu’à la vérité je la perdrais, mais que, perte pour perte, il valait beaucoup mieux la perdre avec le mérite de lui avoir sauvé la vie, que de la perdre avec le soupçon de lui avoir donné la mort. Quant à ses joyaux, ajouta-t-il, ils peuvent valoir vingt pagodes, tenez, en voilà trente, et donnez-moi votre femme.

Les raisons de ce marchand me parurent très-plausibles ; je pris donc l’argent qu’il m’offrait et lui livrai ma femme. Il la fit monter sur un de ses meilleurs bœufs, et continua sa route en grande hâte ; je poursuivis aussi la mienne, et j’arrivai à la maison les pieds presque rôtis par la chaleur du sable sur lequel j’avais marché.

Où est donc ta femme ? s’écria ma mère déjà effrayée de me voir revenir tout seul. Je lui racontai au long tout ce qui s’était passé depuis mon départ de la maison ; je lui fis part de la