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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

retourner et d’emmener ma femme avec moi. Au moment du départ, il nous combla de ses bénédictions, nous souhaita une vie longue et heureuse, enrichie d’une nombreuse postérité, et quand nous nous séparâmes, il versa un torrent de larmes, comme s’il eût prévu le malheur qui allait bientôt arriver.

On était alors au solstice d’été, et le jour de notre départ, la chaleur était excessive. Nous avions à traverser une plaine sablonneuse de plus de deux lieues. Le sable, échauffé par l’ardeur du soleil, eut bientôt brûlé la plante des pieds de ma jeune femme, qui, élevée jusque alors trop délicatement à la maison de son père, n’était pas accoutumée à de si rudes épreuves ; elle se mit d’abord à pleurer, et bientôt ne pouvant plus avancer, elle se jeta par terre, et refusa de se relever, disant qu’elle était résolue à mourir là.

Je m’assis à côté d’elle ; j’étais dans un embarras cruel et ne savais quel parti prendre, lorsqu’un marchand vint à passer ; il conduisait cinquante bœufs chargés de diverses marchandises : je lui racontai le sujet de mes peines, et le priai de m’aider de ses conseils et de m’indiquer quelque moyen pour conserver la vie de ma femme. Il me répondit que, par cette