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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

assurément de grandes prétentions au salut du soldat, mais qu’avant de porter un jugement définitif il fallait entendre le dernier des plaideurs.

La femme que j’avais épousée, dit celui-ci, était restée six ou sept ans à la maison de son père, à cause de sa grande jeunesse ; nous eûmes enfin le plaisir d’apprendre qu’elle avait atteint la puberté, et ses parens ne tardèrent pas à avertir les miens que leur fille pouvait désormais remplir les devoirs du mariage et habiter avec son mari.

Ma mère se trouvait malheureusement indisposée dans ce moment, et mon beau-père habitant à une distance de cinq à six lieues de notre demeure, elle ne fut pas en état d’entreprendre le voyage pour m’amener ma femme ; elle me permit donc de l’aller chercher moi-même, et me recommanda mille fois de me conduire convenablement, de ne rien faire, de ne rien dire qui pût trahir ma sottise : Te connaissant comme je le fais, me dit-elle en me congédiant, j’ai grand’-raison de me défier de toi. Je promis de me conduire avec sagesse, et je me mis en route.

Je fus très-bien accueilli par mon beau-père, qui donna, à mon occasion, un grand repas à tous les brahmes du village, et après un séjour de trois jours chez lui, il me permit de m’en