Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
LES QUATRE BRAHMES FOUS.

tout brûlant ; mais elle n’eut pas plus tôt senti les premières impressions du feu, qu’avec un mouvement convulsif : Appah ! s’écria-t-elle[1], en voilà assez ! et elle ajouta tout de suite, j’ai perdu la gageure ; puis se tournant vers moi : Tiens, me dit-elle, voilà une feuille de bétel. Je te l’avais bien dit, répliquai-je, que tu parlerais la première, et que tu justifierais par ta propre conduite ma proposition d’hier soir, que les femmes sont des babillardes.

Tout les assistans, surpris de ce qui se passait, n’entendaient rien à ce que nous disions, ma femme et moi ; je leur expliquai le pari que nous avions fait la veille en nous couchant.

Quand on eut entendu mon récit : Quoi ! s’écria-t-on, est-ce donc pour ne pas perdre une feuille de bétel, que tu as répandu l’alarme dans la maison et dans tout le village ? C’est pour si peu de chose que tu as eu la constance de te laisser brûler depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête ? A-t-on jamais vu pareil trait de folie ? Et depuis lors, on ne m’a plus nommé que Bétel-Anantaya.

L’assemblée, après avoir entendu cette histoire, fut d’avis que ce trait de folie lui donnait

  1. Sorte d’exclamation fort commune.