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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

naturel très-tenace, et ne lâchait pas prise facilement quand une fois il s’était emparé de quelqu’un, et il n’oublia pas d’ajouter qu’il en coûterait au moins cinq pagodes pour les dépenses des sacrifices nécessaires pour le chasser.

Un brahme de nos amis qui se trouvait là, soutint contre l’opinion générale, tant du magicien que des assistans, que notre état n’était qu’une maladie naturelle dont il avait vu de fréquens exemples, et s’offrit de nous guérir tous les deux sans qu’il en coûtât rien. Il se fit aussitôt apporter un petit lingot d’or qu’il mit dans un réchaud plein de charbons ardens, et quand il fut chaud à étinceler, il le prit avec des pincettes, et me l’appliqua d’abord sous la plante des pieds, ensuite au-dessus des genoux, aux deux coudes, sur l’estomac et sur le sommet de la tête. Je soutins ces horribles opérations sans témoigner le moindre signe de douleur, et sans proférer un seul mot, aimant mieux endurer toute sorte de peines, et la mort même s’il l’eût fallu, que de perdre mon pari.

Après m’avoir ainsi brûlé en pure perte : Essayons l’épreuve sur la femme, dit le médecin étonné, et un peu déconcerté de ma constance. En disant ces mots, il commença à lui appliquer sous les pieds le petit lingot d’or encore