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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

répand aussitôt dans la maison, on craint que nous ne soyons morts tous les deux subitement durant la nuit ; on appelle vite le charpentier qui s’approche avec ses outils, et enfonce notre porte. En entrant, on ne fut pas peu surpris de nous voir l’un et l’autre éveillés, assis et bien portans, mais privés tous les deux de la parole.

Ma mère, saisie de frayeur, commença à jeter les hauts cris. Tous les brahmes du village, hommes et femmes, accoururent au nombre de plus de cent pour savoir le sujet d’une pareille alarme ; tout le monde nous examina et chacun de raisonner à sa manière sur l’accident prétendu qui nous est survenu. Cependant le plus grand nombre était d’avis que notre état ne pouvait être que l’effet d’un sort jeté sur nous par quelque ennemi secret : en conséquence, on fait venir en toute diligence le plus fameux magicien du voisinage pour enlever le maléfice. Dès qu’il est arrivé, mon sorcier commence par nous tâter le pouls dans différentes parties du corps, et après mille grimaces dont le souvenir me fait encore rire toutes les fois que j’y pense, il déclare que notre état provient effectivement d’un sortilège dirigé contre nous ; il nommait même le diable dont, selon lui, nous étions possédés ma femme et moi. Ce démon, disait-il, était d’un