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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

Cela suffit, lui dit alors le président : ce que vous venez de raconter, et ce que nous venons de voir prouvent beaucoup en votre faveur ; mais, avant de rien décider, voyons les marques de folie de vos adversaires ; il fit en même temps signe à un des autres de parler, et celui-ci ne se fit pas attendre.

Si ce que vous venez d’entendre, dit-il, vous a paru fonder un juste droit en faveur de celui qui vient de parler, j’espère que ce que je vais rapporter établira mes droits bien au-dessus des siens, et fixera pour moi votre décision.

Un jour que je devais assister à un samaradahna (repas public) qu’on avait annoncé dans le voisinage, je m’étais fait raser la tête pour y paraître plus décemment. Je dis à ma femme de donner au barbier un sou pour son salaire ; mais mon étourdie lui donne une pièce de deux sous. Je redemande au barbier ma pièce ou l’excédent, il ne me veut rien rendre ; la dispute s’échauffe, et déjà les gros mots commençaient à se faire entendre, quand le barbier propose un accommodement : Vous réclamez un sou, me dit-il, eh ! bien, si vous voulez, pour ce sou je raserai la tête à votre femme. Bien dit, m’écriai-je ; le moyen est parfait pour terminer le différent sans injustice ni d’une part ni d’autre.