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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

touché, s’écrièrent mes enfans qui se tenaient tout près. Je n’avais plus à douter que la queue du chien n’en eût fait autant, et n’eût souillé mes toiles par son attouchement. Aveuglé par le désespoir, je saisis mes toiles, et je les déchirai en lambeaux, maudissant mille fois et le chien et son maître.

Cette aventure se répandit, tout le monde me traita d’insensé. Quand même ce chien aurait touché tes toiles, et les aurait souillées par cet attouchement, me disait l’un, ne pouvais-tu pas les laver une seconde fois pour enlever la souillure ? Au moins, ajoutait un autre, il fallait les donner à de pauvres soudras, plutôt que de les déchirer : après un pareil trait de folie, qui voudra désormais te fournir des vêtemens ?

Leurs prédictions se trouvèrent justes, et depuis ce temps-là, lorsque je me suis avisé de demander à quelqu’un des toiles pour me vêtir : C’est sans doute pour les déchirer en pièces ? m’a-t-on répondu.

Lorsqu’il eut fini son histoire, un des auditeurs lui dit : Il paraît, par votre récit, que vous savez bien courir à quatre pattes ? Oh ! très-bien, reprit-il ; mais jugez-en vous-mêmes. Et mon brahme de se mettre à courir dans cette posture, et l’assemblée de rire jusqu’aux convulsions.