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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

témoins ; le seul moyen donc que vous ayez declairer vos juges sur vos droits, c’est que chacun rapporte un des traits de sa vie qui caractérise le mieux sa folie : ce n’est qu’après cela que nous pourrons décider lequel d’entre vous mérite la préférence et a les droits les mieux fondés au salut du soldat.

Les plaideurs consentirent tous à cette proposition ; on fit signe à l’un d’eux de commencer et aux autres de garder le silence.

Je suis mal pourvu de vêtemens, comme vous le voyez, dit le premier ; et ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que je me trouve revêtu de haillons. Apprenez quelle en est la cause. Un riche marchand de notre voisinage, fort charitable envers les brahmes, m’avait un jour fait présent de deux pièces de toile les plus fines qu’on eût jamais vues dans notre agrahra[1]; je les montrai à tous les autres brahmes, qui me félicitèrent sur cette bonne acquisition, me disant qu’elle ne pouvait être que le fruit des bonnes œuvres que j’avais pratiquées dans une génération précédente. Avant de m’en revêtir, je les lavai selon l’usage pour les purifier des souillures

  1. On a déjà remarqué que c’était le nom qu’on donnait aux villages des brahmes.