(salle de justice) et prions les chefs du lieu de terminer notre différent.
Cet avis fut approuvé et suivi immédiatement. Ils se rendirent tous à la chauderie pour faire décider leur querelle par la voie de l’arbitrage. Ils ne pouvaient y arriver dans une circonstance plus favorable ; les chefs du lieu, brahmes et autres, s’y trouvaient tous rassemblés ; il ne s’était présenté ce jour-là aucune affaire à examiner, on donna tout de suite audience à ces étrangers.
Après avoir obtenu la permission d’exposer le sujet de leur différent, l’un d’entre eux prenant la parole, raconta en détail à l’assemblée l’histoire du salut du soldat, de sa réponse, de la contestation à laquelle l’un et l’autre avaient donné lieu, et finalement de la prétention absolue et exclusive que chacun d’eux croyait avoir à ce salut, comme plus fou que les autres.
Ce récit fit plusieurs fois éclater de rire toute l’assemblée ; le chef, naturellement gai, fut charmé d’avoir trouvé une si belle occasion de se divertir. Prenant donc un air sérieux, il imposa silence, et s’adressa aux plaideurs :
Comme vous êtes tous quatre étrangers, leur dit-il, et inconnus dans cette ville, il n’est pas possible d’eclaircir votre procès par la voie des