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LES QUATRE BRAHMES FOUS.

prétendu saluer. Et sans leur en dire davantage, il leur tourne le dos et continue sa route ; les brahmes reprirent aussi la leur, et la poursuivirent quelque temps en silence. Cependant, ils avaient tous ce salut si fort à cœur, que chacun d’eux commença bientôt à soutenir de nouveau qu’il lui appartenait exclusivement en vertu de la décision du soldat, chacun prétendant de son côté avoir la supériorité sur les autres en folie. Ce fut un procès de nouvelle espèce, et chacun d’eux soutenait sa cause avec tant d’opiniâtreté, qu’ils se virent encore une fois au moment d’en venir aux coups.

Cependant, celui qui avait auparavant donné l’avis de courir après le soldat, voyant où allait aboutir cette nouvelle querelle, en arrêta les suites par un nouveau conseil : Je ne me prétends pas, dit-il, moins fou qu’aucun de vous, et chacun de vous se prétend plus fou que moi et qu’aucun des autres. Après que nous nous serons accablés les uns les autres d’injures grossières, ou peut-être même de coups, en sera-t-il mieux décidé lequel de nous quatre l’emporte en folie ? Croyez-moi, suspendons notre querelle ; nous voilà à peu de distance de la ville de Darmapoury, allons-y, rendons-nous à la chauderie