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lui livra sa femme pour qu’il prit soin d’elle jusqu’au temps de ses couches. Le ministre la conduisit chez lui, et lui assigna pour demeure une partie de sa maison où elle pût vivre avec décence et d’une manière conforme à sa dignité. Enfin elle accoucha, et cette fois encore elle mit au monde une fille.

Le ministre, qui connaissait les dispositions du roi, fut désespéré de cet événement et vit bien qu’il n’y avait pas d’autre moyen de prévenir la ruine de la reine, que de cacher le sexe de l’enfant et de le faire passer pour un garçon. Il s’arrêta donc à ce parti, et le jour même de l’accouchement de la reine, il fit publier, au son des trompettes et autres instrumens, qu’elle était accouchée d’un fils ; il fit dresser dans toutes les rues des tornams (ou arcs de triomphe), et ordonna qu’on fît dans tout le royaume des réjouissances publiques en mémoire de cet heureux événement.

Cette agréable nouvelle porta à son comble la joie et le bonheur du roi : il voyait enfin exaucés des vœux si long-temps stériles. Il fixa le douzième jour de la naissance de l’enfant pour la cérémonie du nama-carma[1], et il donna ordre

  1. C’est-à-dire pour lui donner un nom. Voyez, sur cette cérémonie, Mœurs de l’Inde, tome Ier., page 211.