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ET LE BRAHME POUROHITA.

Vous allez, seigneur, animer une statue de pierre et y faire descendre la divinité ! reprit le berger avec un air de surprise. Je ne suis qu’un pauvre ignorant de pâtre : je savais bien que le pouvoir des brahmes s’étendait fort loin ; mais j’ai ignoré jusqu’à présent qu’il allât jusqu’au point d’animer une pierre et de lui donner la vie. Puisque vous possédez un tel pouvoir, je ne suis plus surpris à présent qu’on vous applique les noms sublimes de Dieux brahmes, Dieux de la terre ! Maintenant que je suis mieux instruit qu’auparavant de votre puissance surnaturelle, permettez-moi, seigneur pourohita, de profiter d’une occasion si favorable, pour solliciter une grâce auprès de votre excellence.

Il y a environ un mois qu’une maladie contagieuse a attaqué mes moutons, j’en ai déjà perdu près de la moitié, et je suis menacé de perdre bientôt le reste. La nuit passée, deux des plus beaux sont encore morts subitement ; la grâce que je vous demande, c’est, non pas de ressusciter ceux qui sont déjà morts, quoique j’imagine bien que cela ne serait pas au-dessus de votre pouvoir, mais seulement de retenir la vie dans ceux qui vivent encore, en les empêchant de mourir ainsi à contre-temps.

La faveur que je sollicite ne me paraît pas