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à-la-fois, et qu’ils criaient à tue-tête sans pouvoir s’entendre, le voleur du cheval vit venir de loin des gens qui s’avançaient à grands pas vers eux : craignant que ce ne fussent les propriétaires du cheval qu’il avait volé, il en descendit bien vite et prit la fuite.

Le berger, s’apercevant qu’il était déjà tard, et craignant pour son troupeau, qui s’était déjà écarté assez loin, retourna bien vite auprès de ses brebis, maudissant, comme il se retirait, les arbitres qu’il avait choisis pour juges, se plaignant qu’il n’existât plus de justice sur la terre, et attribuant tous les malheurs qu’il avait éprouvés, ce jour-là, à la rencontre d’un serpent, qui, le matin, comme il sortait de sa bergerie, avait croisé son chemin[1].

Le taleyary retourna à son faix d’herbe, et ayant trouvé auprès la brebis boiteuse, il la chargea sur ses épaules et l’emporta chez lui pour punir, dit-il, le berger de l’injuste querelle qu’il lui avait suscitée.

Quant au vieux brahme, il continua sa route jusqu’à la chauderie voisine, où il s’arrêta pour

  1. La rencontre d’un serpent qui croise quelqu’un dans son chemin, est considérée comme un très-mauvais augure parmi les Indiens.