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indigestion de pois crus dont elle avait mangé la veille une trop grande quantité : la nécessité de la secourir et de préparer ensuite lui-même son repas, le retint bien plus long-temps qu’il ne s’y était attendu. Cependant, comme il se méfiait beaucoup de celui à qui il avait laissé la garde de son troupeau, il fit toute la diligence possible pour s’en retourner. De retour auprès de ses moutons, qui paissaient tranquillement à peu de distance de l’endroit où il les avait laissés, la première chose qu’il fit fut d’en faire le dénombrement, et ayant trouvé son compte juste : Voilà un brave homme que ce taleyary, s’écria-t-il : c’est la perle des gens de sa profession ; je lui ai promis une récompense, il mérite de la recevoir.

Il avait dans son troupeau une brebis boiteuse, mais fort bonne d’ailleurs ; il la mit sur ses épaules, et la portant au taleyary, il lui dit : Tu as eu bien soin de mon troupeau durant mon absence, tiens, voilà une brebis dont je te fais présent pour tes peines.

Le taleyary voyant près de lui cette brebis boiteuse : Pourquoi m’accuses-tu, répondit-il d’un ton colère au berger, d’avoir cassé la jambe de cette brebis ? Je te jure que depuis ton départ je n’ai pas bougé de la place où tu