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plupart de grands voleurs eux-mêmes. Il le prie donc d’avoir l’œil sur son troupeau, durant le court espace de temps nécessaire pour aller prendre son repas, et l’assure que, revenant sans délai, il le récompensera généreusement à son retour.

Le taleyary était aussi sourd que le berger, et n’avait rien entendu de ce que ce dernier lui avait dit ; il lui répondit d’un ton colère : Quel droit as-tu donc sur l’herbe que je viens de couper ? Faut-il que ma vache meure de faim pour faire vivre tes moutons ? Non, tu n’auras pas mon herbe ! Laisse-moi tranquille et va te promener. Et ces dernières paroles furent accompagnées d’un geste expressif de la main, que le berger sourd prit pour une assurance que lui donnait le taleyary de veiller sur son troupeau durant son absence ; là-dessus, le berger court au village, bien résolu de donner à sa femme une bonne correction, dont elle se souviendra long-temps, et qui l’empêchera de se permettre à l’avenir une pareille négligence.

Comme il approchait de la maison, il aperçut sa pauvre femme étendue par terre tout de son long sur le seuil de la porte ; agitée de violentes convulsions, elle se roulait sur le pavé et souffrait des coliques terribles, suite d’une