Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/355

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dormir sans interruption sur ce lieu humide jusqu’au lendemain matin. En se réveillant, il s’aperçut que sous lui tout était froid, et il s’imagina que si la natte était froide et humide, c’était à la froideur de son corps qu’il fallait l’attribuer : Pour le coup, s’écria-t-il après quelques momens de réflexion, ma dernière heure approche ; il n’y a pas moyen, cette fois, d’attribuer cette froideur à une cause extérieure, puisque je n’ai été ni étendu à la renverse sur la boue, ni lavé avec de l’eau froide : la froideur que je sens, et qui s’est même communiquée à la natte sur laquelle j’étais couché, ne peut donc provenir que de la disposition intérieure de mon corps. Ainsi la prédiction du brahme pourohita, confirmée par l’explication qu’en a donnée Bouffon, doit maintenant s’accomplir, et ma fin ne saurait être éloignée.

Après avoir roulé durant quelque temps ces idées mélancoliques dans son esprit, le gourou appela ses disciples, leur fit part du sujet de ses alarmes et des raisons sur lesquelles elles étaient fondées. Ces derniers, qui n’avaient pas assez de jugement pour deviner que la cause de la froideur et de l’humidité du dos du gourou, ainsi que de la natte sur laquelle il était couché, provenait de la pluie tombée la nuit, furent