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n’ait pas connaissance de ce sacrifice du pilon, parce que, pour l’accomplir, il faut le concours d’un grand nombre de circonstances favorables, intérieures et extérieures, qui se rencontrent rarement réunies : cela fait qu’il ne se pratique pas souvent ; cependant le fait est qu’il se pratique quelquefois, comme vous l’allez voir par l’exemple suivant, auquel je vous prie de vouloir bien prêter une oreille attentive.

Il y avait autrefois un chitty (marchand), attaché à la secte de Siva, dont il avait fait sa divinité protectrice, et auquel il témoignait sa dévotion, en faisant beaucoup de largesses aux pandarams[1] ; quelque part qu’il rencontrât ces pénitens, il les invitait à venir chez lui. Sa maison en était souvent pleine ; mais quelque grand qu’en fût le nombre, il n’en renvoyait jamais aucun sans lui avoir servi à manger, ou fait d’autres aumônes ; ce chitty n’avait point d’enfans, et c’était principalement le désir d’obtenir de la postérité par le mérite de ses bonnes œuvres, qui le rendait si dévot envers les pandarams. Sa femme, qui n’avait pas, à beaucoup près, une foi aussi vive que lui, et qui était d’ailleurs obligée, elle seule, de faire la cuisine,

  1. Sorte de religieux mendians de la secte de Siva.