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contrariétés que vous me fîtes éprouver avant de me relever, je ne pensai pas à la prédiction fatale qui me menaçait, ni aux précautions que j’avais promis de prendre pour en retarder l’accomplissement ; ce n’est qu’assez long-temps après que vous m’eûtes remis à cheval que sentant que cette partie du corps continuait de rester froide, je songeai alors à la prophétie du brahme. Cette pensée se présentant continuellement à mon imagination, durant la nuit il m’a été impossible de fermer l’œil, et l’esprit vivement agité de l’idée de ma dissolution prochaine, je n’ai pu goûter un instant de repos. Voilà la cause du changement que vous avez remarqué en moi ; tous les symptômes se trouvent conformes à la prédiction du brahme, et vous devez être tous convaincus ainsi que moi que ma dernière heure est proche ; hâtez-vous donc, je vous le répète encore, de faire les préparatifs de mes funérailles.

Les disciples avaient prêté une oreille attentive au récit que leur maître venait de leur faire d’une voix mourante et souvent entrecoupée de soupirs ; leur inquiétude ne fit que s’accroître, et lorsqu’ils comparaient tous ces symptômes avec la prophétie, les alarmes de leur gourou ne leur paraissaient que trop fondées.