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cet homme, et voulant charitablement l’avertir : Que fais-tu donc là ? lui dit-il, prends garde à toi, et place-toi dans le sens opposé ; ne vois-tu pas qu’en coupant la branche dans la position où tu es, tu vas tomber avec elle, et que tu cours risque de te casser le cou ?

Badaud n’eut pas plustôt entendu les paroles du brahme, que se tournant vers lui en colère : Qui t’a envoyé pour me prédire des malheurs ? lui cria-t-il, et en même temps il prit la serpe qui était attachée à sa ceinture, et la lui jeta à la figure. Le brahme esquiva le coup, et s’en alla au plus vite, disant comme il se retirait : Si cette brute a envie de se casser le cou, ce sont ses affaires, qu’est-ce que cela me fait ?

Badaud continua de couper la branche, toujours assis dans la même position ; à la fin la branche plie, casse, tombe, et selon la prédiction du brahme, Badaud tombe avec elle. Cependant il en fut quitte pour la peur et ne fut pas blessé de sa chute, il se releva aussitôt ; et se rappelant la prédiction du brahme : Ammamma[1] ! s’écria-t-il, ce brahme est un

  1. Sorte d’exclamation fort commune parmi les Indiens : c’est l’expression d’une vive admiration ou d’un grand étonnement.