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un jour ses cinq disciples pour leur faire part des sentimens qui l’agitaient, et du dessein qu’il avait formé au sujet du cheval ; il débuta par leur faire un long sermon de morale, dont voici le sens :

Mes chers enfans, leur dit-il d’un air triste et d’un ton mélancolique, à mesure que j’avance en âge, je m’aperçois de plus en plus, chaque jour, de la vanité des biens de ce bas monde. Je comprends aujourd’hui mieux que je ne l’eusse jamais fait auparavant, que toutes ses jouissances ne sont que de fausses jouissances, et que tout le bonheur qu’on y cherche, n’est qu’un bonheur trompeur. Je connais maintenant, par ma triste expérience, qu’on n’éprouve dans cette vie aucun bien qui ne soit mêlé de maux ; qu’on n’y goûte aucune douceur qui ne soit accompagnée d’amertume, et qu’on n’y jouit d’aucun contentement qui ne soit suivi de peines. En effet, lorsque je reçus en présent le cheval que je possède, rien ne pouvait égaler ma joie, et je m’imaginais que je n’avais plus rien à désirer dans ce monde ; mais hélas ! combien j’ai expié mes vaines espérances, et que de peines et d’afflictions ont accompagné le bonheur que je m’étais promis ! Vous avez été vous-mêmes les témoins de mes tribulations, sans qu’il soit nécessaire de vous en faire ici le détail. Ah ! pour