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arrachées sur la route ne seront-elles pas autant de charbons ardens qui consumeront tout vivant celui qui les a ravies sans pudeur ? Si celui qui boit l’amourtam (ambroisie) a de la peine à vivre, comment vivra celui qui avale à longs traits le poison ?

Après que Paramarta eut déchargé une partie de sa bile par ces plaintes amères, et par beaucoup d’autres semblables, le voyageur à qui il s’adressait prit la parole à son tour, et essaya de le consoler par des réflexions philosophiques.

Ah ! seigneur gourou ! lui dit-il, quelle morale prêchez-vous là ? On s’aperçoit bien à vos discours que vous êtes un homme qui avez vécu dans la retraite, et qui n’avez aucune connaissance du monde. Ignorez-vous donc que nous vivons maintenant dans les temps les plus rigoureux du cahly-yougam[1], de cet âge de malheur, où tout a dégénéré ici-bas ; où le vice seul règne sur la terre ; où la probité est inconnue parmi les hommes, et où l’argent tient lieu de toutes les vertus ?

  1. Le quatrième et dernier des âges fabuleux des Indiens, celui où nous vivons maintenant ; sa durée doit être de quatre cent trente-deux mille ans, desquels environ cinq mille sont déjà écoulés.