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avancé en âge, et ne pouvait plus marcher qu’avec peine, a eu compassion de lui, et le lui a donné pour lui servir de monture. Oserez-vous, après cela, nous demander des droits de péage ? Quelle injustice est-ce là !

Les disciples eurent beau crier, disputer et se plaindre, le cœur d’un douanier est inaccessible à la pitié : ce dernier voyant qu’on faisait difficulté de le satisfaire, saisit la bride du cheval, et dit qu’il ne le lâcherait pas qu’on n’eût payé les droits du gouvernement, ajoutant, d’un ton colère et résolu : Ici, je ne connais personne.

Les disciples continuèrent encore long-temps à crier contre le douanier, employant tantôt les prières, tantôt les menaces ; mais tout fut inutile, et ce dernier refusa constamment de lâcher le cheval jusqu’à ce qu’on lui eût payé les cinq fanons d’or qu’il exigeait ; à la fin, voyant qu’il n’y avait pas d’autre moyen de se tirer d’affaire, ils lui donnèrent ce qu’il demandait. Le gourou naturellement n’était pas généreux, Dieu sait quelle mine il fit en déboursant les cinq fanons ! Qu’avais-je besoin de ce cheval ? dit-il en grondant ; si je voyageais comme j’avais coutume de faire auparavant, je ne me verrais pas exposé à de si fâcheuses aventures, ni à de pareilles dépenses. Lui et ses disciples, l’esprit tout occupé