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bout à l’autre. Idiot tenait encore seul la ligne : s’apercevant qu’elle opposait une forte résistance, il s’imagina que le cheval avait mordu à l’hameçon, et se tournant vers les autres disciples qui l’observaient de loin, il leur fit signe de la main de venir vite à son secours. Ces derniers revinrent, saisirent tous ensemble le bout du turban, et sentant que la ligne opposait en effet de la résistance, aucun d’eux ne douta que le cheval n’eût réellement mordu à l’hameçon ; transportés de joie de ce succès, et se croyant déjà en possession du cheval, ils tiraient de toutes leurs forces. Tout-à-coup, le turban, déjà à moitié usé, cède à leurs efforts, se rompt par le milieu, et voilà nos pêcheurs qui perdent l’équilibre et qui tombent tous ensemble à la renverse, leur ligne et leur cheval restant submergés au fond de l’eau.

Un brave homme qui passait près de-là, avait vu tout ce manège et l’avait observé quelque temps en silence sans y rien comprendre ; après leur chute, il s’approcha d’eux et leur demanda à quelle espèce de jeu ils s’amusaient là. Les disciples lui racontèrent au long pourquoi ils avaient entrepris de pêcher à la ligne le cheval qu’on apercevait dans l’eau, comment ils s’y étaient pris pour pouvoir s’en rendre maîtres,