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paré pour le voyage, et qu’ils fixèrent en l’enveloppant autour de la faucille avec un vieux chiffon ; n’ayant point de corde pour attacher leur ligne, ils se servirent du turban à moitié usé de leur gourou.

Tout étant ainsi disposé, ils s’approchèrent de l’étang et jetèrent dans l’eau la faucille enveloppée du paquet de riz. Cette masse, en tombant sur la surface de l’eau, l’agita violemment et produisit de grosses vagues ; l’ombre du cheval s’agita aussi dans le même sens que l’eau et parut le faire avec tant de violence et d’impétuosité, que les disciples, saisis de frayeur et craignant que le cheval ne vînt se jeter sur eux, abandonnèrent la corde de la ligne et prirent aussitôt la fuite : il n’y eut qu’Idiot, qui eut assez de courage pour ne pas lâcher prise et pour rester à son poste ; il continua de tenir long-temps seul le turban au bout duquel était attachée la faucille.

Bientôt les gros poissons qui vivaient au fond de l’étang vinrent en troupes de tous les côtés, attaquèrent le gros paquet de riz et l’eurent dévoré en un instant ; la faucille, débarrassée de ce paquet et du chiffon qui l’enveloppait, descendit au fond de l’eau et alla s’accrocher à une grosse racine d’arbre qui traversait l’étang d’un