Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et les dimensions de l’un et de l’autre étaient à-peu-près semblables.

Sur ces entrefaites, il s’éleva un petit vent, qui, peu-à-peu devenant plus fort, augmenta au point d’agiter assez violemment la surface de l’eau, en même temps l’ombre du cheval parut aussi s’agiter et remuer. Idiot remarqua ce changement ; mais voyant que le cheval de terre restait toujours immobile, tandis que celui qu’on apercevait dans l’eau continuait de s’agiter, il changea d’opinion, et se persuada qu’il s’était trompé dans son premier jugement. Si le cheval qu’on aperçoit dans le fond de l’eau, se dit-il à lui-même, n’était que la représentation de celui qui est placé sur le bord de l’étang, il ne remuerait pas, ne s’agiterait pas comme il le fait ; car l’image devrait être aussi immobile que l’objet réel : il faut donc que le cheval qui s’agite dans l’eau soit tout différent de celui qui reste passif et immobile sur le bord. Cependant il voulut être plus sûr de la vérité ; il prit une grosse pierre et la jeta avec violence sur la surface de l’eau, à l’endroit même où paraissait la représentation du cheval ; il poussait en même temps des cris, et faisait des gestes de la main, comme s’il eût voulu l’épouvanter et le forcer de changer de place.