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chauderie offrait non-seulement aux voyageurs un lieu de repos ; mais ils y trouvaient encore, dans le gardien, un cuisinier qui, pour leur argent, préparait leur repas. Dans ce moment, on faisait cuire pour des voyageurs un excellent ragoût de mouton si bien assaisonné, que le parfum qui s’en exhalait se répandait dans toute la chauderie, et flattait agréablement l’odorat. J’aurais bien désiré en manger ma part ; mais n’ayant pas de quoi payer, je ne pus satisfaire mon envie. J’avais apporté avec moi une petite provision de riz cuit, enveloppée dans un linge, pour manger dans la route. Je m’approchai de l’endroit où l’on faisait cuire le ragoût de mouton, et montrant au cuisinier mon riz empaqueté dans mon linge, je lui demandai d’un air humble s’il ne me serait pas permis d’exposer quelque temps à la fumée qui s’exhalait de son excellent ragoût, le linge dans lequel était enveloppé mon riz, afin que le riz qui y était contenu pût au moins s’imbiber de ses vapeurs, puisque je n’avais pas les moyens de me procurer une partie de sa substance.

Le cuisinier, plus complaisant que ne le sont ordinairement les gens de cette profession, accéda fort poliment à ma demande. Je pris tout de suite le linge dans lequel était enveloppé