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daud prenant la parole, raconta dans le plus grand détail, et sans omettre la moindre circonstance tout ce qui leur était arrivé depuis leur départ jusqu’à leur retour au mata. Son récit fut fort long : lorsqu’il l’eut achevé, s’adressant au gourou du ton d’un homme qui a vu s’échapper de ses mains un bien qu’il croyait tenir : Ah ! si vous aviez vu, s’écria-t-il, quelle espèce de cheval nous avons perdue, vous jugeriez si nous avons tort de nous désespérer. De ma vie je n’en ai vu de semblable. Quelle vivacité ! quelle ardeur ! quelle vitesse ! quel emportement !

Au moment même où l’œuf en tombant par terre s’est brisé, nous en avons vu sortir un petit poulain, d’environ une coudée de longueur, bien proportionné dans sa taille, de couleur cendrée, qui, dressant aussitôt deux belles oreilles, retournant sur son dos sa petite queue, et allongeant tout-à-la-fois les quatre jambes, s’est mis à courir ventre à terre. Ses mouvemens étaient si prompts, qu’à peine pouvait-on distinguer s’il courait ou s’il volait ; en un mot, quoique petit poulain à peine sorti de l’œuf, il est impossible d’exprimer la vivacité et l’ardeur qu’il faisait paraître.

Quand Badaud eut fini de parler, le gourou