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L’ŒUF

peau des jambes, toute déchirée par les ronces, la plante des pieds toute couverte de longues épines et meurtrie par les cailloux, les vêtemens en lambeaux, le cœur palpitant avec une vitesse telle qu’il n’eût pas été possible d’en compter les battemens, les oreilles bouchées par l’excès de la fatigue, les intestins presque adhérens à l’épine du dos, les cuisses et les jambes toutes dégoutantes de sang, et le corps couvert de sueur, ils perdirent tout d’un coup la respiration, et tous deux tombèrent par terre sans connaissance, et entièrement épuisés de fatigue et de souffrances.

Après avoir repris haleine pendant quelque temps, ils se relevèrent déterminés à reprendre la poursuite du lièvre ; ils le cherchèrent long-temps des yeux, mais en vain, leur petit poulain avait déjà disparu. Ne sachant quelle route il avait prise, force leur fut de se désister de sa poursuite. Alors, quoique à leur grand regret, ils tournèrent leur attention à arrêter le sang qui ruisselait de leurs jambes toutes déchirées par les ronces ; et après avoir arraché quelques-unes des plus longues épines qui leur étaient entrées dans la plante des pieds, ils reprirent la route de leur mata, où, clopin clopant, ils arrivèrent enfin fort tard, tout couverts de honte, accablés