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pour acheter l’œuf de jument, ne sont pas moins que vous surchargés d’autres affaires, ils ne peuvent pas non plus se charger de le couver.

En effet, l’un d’eux a la charge de recevoir les étrangers et les visites qui viennent presque journellement au mata, de tenir la conversation avec eux, d’écouter leurs plaintes et de terminer leurs différends : c’est plus d’occupation qu’il n’en faut pour remplir tout son loisir.

L’autre ne manque pas non plus de besogne, puisqu’il a le département des provisions ; il faut qu’il coure de village en village, de marché en marché, pour nous acheter les toiles pour nos vêtemens, et les provisions pour notre nourriture. Ainsi chacun de vous, en particulier, a assez d’affaires pour se dispenser de l’entreprise très-importante de couver l’œuf.

Quant à moi, je n’ai presque rien à faire de toute la journée, ainsi je me charge d’employer mon loisir à couver l’œuf moi-même. Pour cela, je le tiendrai constamment serré entre mes bras. Je l’appuierai bien doucement sur ma poitrine ; je soufflerai assidûment dessus avec mon haleine, et pendant tout le temps de l’incubation, je ne me nourrirai que d’alimens fortement épicés avec de l’ail, du piment, du gingembre, de la cannelle, de l’assa-fœtida, et d’autres substances