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Quelque temps après que Badaud et Lourdaud se furent mis en route, il se présenta à l’esprit du disciple Idiot une objection, qu’il proposa aussitôt à résoudre à Paramarta et aux autres disciples restés auprès de lui.

Nous avons envoyé, dit-il, deux de nos gens pour nous acheter un œuf de jument. Voilà qui est fort bien, en supposant qu’ils nous l’apportent ; mais pour avoir un cheval de cet œuf, il faudra auparavant le faire éclore ; pour le faire éclore, il faudra le couver : or comment couver un œuf d’un pareil volume ? Badaud nous a dit lui-même que ces œufs étaient si gros qu’un homme aurait peine à en embrasser un avec ses deux bras, et quand vous mettriez vingt poules sur un œuf de cette taille, elles ne suffiraient pas pour le couver ; d’ailleurs il ne serait pas possible de les faire rester. Quels moyens avez-vous donc pour couver cet œuf et le faire éclore ? Pour moi, je n’en vois aucun.

Paramarta et ses disciples furent si embarrassés par cette objection inattendue, et si en peine d’y trouver une solution, qu’ils restèrent long-temps la bouche close et les yeux tout grands ouverts à se regarder les uns les autres en silence, et avec un air tout déconcerté.

Le gourou se retira seul pour réfléchir en