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où la rivière s’endormirait, et où ils pourraient la traverser sans danger. Dans le temps qu’ils se reposaient et qu’ils n’avaient pas autre chose à faire, les disciples voulurent amuser leur maître par le récit de différentes histoires relatives à la rivière, sujet de leur sollicitude ; Idiot parla le premier :

Lorsque mon grand-père vivait, dit-il, et que j’étais encore fort jeune, il me rapportait plusieurs traits de fourberie et de cruauté de cette rivière. Il me répétait souvent le suivant, qui lui était arrivé un jour en la traversant ; je dois vous dire avant tout que feu mon grand-père était un marchand très-connu dans le pays ; l’objet de son commerce était le sel. Un jour donc, accompagné d’un de ses associés, et conduisant ensemble deux ânes chargés de cette marchandise, ils furent obligés de passer cette rivière ; il avait plu la nuit précédente, les eaux avaient beaucoup grossi, et les sacs pleins de sel dont étaient chargés les deux ânes, trempaient dans l’eau. Comme il faisait très-chaud ce jour-là, mon grand-père et son associé s’arrêtèrent au milieu de la rivière, pour s’y laver, eux et leurs ânes, et s’y rafraîchir tous les quatre ensemble, et se trouvant agréablement dans ce lieu, ils y restèrent long-temps. À la fin cependant il fallut