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de la rivière, de crainte de l’éveiller, il appliqua sur la surface de l’eau le tison allumé qu’il tenait à la main. Aussitôt que ce dernier vint en point de contact avec l’eau, le feu s’éteignit en produisant un sifflement qui fit bouillonner l’eau d’alentour, renvoyant en même temps sur le visage de Stupide la fumée qu’il exhala en s’éteignant.

Stupide, épouvanté à la vue de tous ces phénomènes, courut bien vite à l’endroit où il avait laissé le gourou et ses disciples, et s’étant approché d’eux d’un air consterné, et encore tout tremblant de frayeur, il adressa au gourou ces paroles d’une voix entrecoupée : Seigneur gourou, bien vous en a pris de m’envoyer pour examiner l’état de la rivière ; si nous avions eu le malheur de nous exposer à la traverser sans prendre cette précaution, aucun de nous ne serait maintenant en vie, elle nous aurait tous engloutis.

Conformément à vos ordres, je me suis approché d’elle très-doucement pour savoir si elle dormait ou si elle était éveillée ; pour m’assurer du fait, j’ai appliqué légèrement sur la surface de l’eau le tison que vous me voyez encore à la main ; à l’instant même où je l’ai touchée, elle est entrée dans un accès de fureur qui a fait bouillonner l’eau d’alentour, et elle a fait enten-