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LE PASSAGE

et retournait à son mata (couvent), ils arrivèrent tous les six, vers l’heure de midi, auprès d’une rivière qu’il leur fallait passer : avant de s’exposer à la traverser, ils s’arrêtèrent quelque temps pour examiner l’endroit où elle était le plus aisément guéable, et après l’avoir découvert, comme les disciples se disposaient à entrer dans l’eau, le gourou les arrêta :

Mes enfans, leur dit-il, cette rivière se trouve souvent dans de très-mauvaises dispositions, et on rapporte par-tout un grand nombre d’événemens tragiques en tout genre qu’elle a occasionnés. J’ai ouï dire qu’afin de n’être pas exposé à des accidens fâcheux, il fallait la traverser toujours dans le temps qu’elle était endormie, et jamais lorsqu’elle était éveillée : ainsi, avant d’y mettre le pied, il faut que l’un de vous aille tout doucement examiner si elle dort, ou si elle veille ; après quoi, nous nous déciderons à la traverser tout de suite, ou à attendre pour le faire un moment plus favorable.

L’avis du gourou ayant paru très-sage à ses cinq disciples, Stupide fut aussitôt député pour aller examiner si la rivière dormait, ou si elle était éveillée. Pour s’assurer du fait, celui-ci prit un tison avec lequel il venait d’allumer sa chiroute (pipe de tabac), et s’approchant tout doucement