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ET LES MENDIANS.

un moyen si aisé de devenir riche, il avait résolu de le mettre en pratique, en cassant la tête à trois mendia ns qu’il inviterait chez lui sous prétexte de leur faire l’aumône.

La femme du barbier, après avoir connu les dispositions de son mari, mit tout en œuvre pour l’engager à renoncer à un dessein si extravagant et si criminel, lui disant que ce dont il avait été témoin devait être l’effet de quelque illusion, ou bien de quelque faveur particulière des Dieux dont ce jeune homme se tenait assuré ; mais que quant à lui, il ne devait pas se déterminer au hasard à une action si désespérée. Avant de rien entreprendre, ajouta-t-elle, il faut toujours réfléchir sur la fin de nos entreprises, et ne jamais rien faire sans avoir prévu les suites de nos actions. Quant à l’état de pauvreté dans lequel nous vivons, continua-t-elle, il est l’effet de notre destin, et tu ne dois pas chercher à améliorer ton sort par une démarche qui peut avoir les suites les plus funestes.

Les représentations raisonnables de cette femme ne firent aucune impression sur l’esprit de son mari, et celui-ci persista dans l’horrible dessein d’assassiner trois mendians, espérant devenir riche tout d’un coup par ce moyen. Le jour fixé pour l’exécution de son projet, il