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et tranquille, et qu’il aperçut autour du berceau les lambeaux du serpent monstrueux que sa mangouste venait de déchirer. Il vit alors, mais trop tard, les funestes effets de sa précipitation, et reconnut qu’il était redevable de la vie de son enfant à la mangouste qu’il venait d’assommer.

Pendant qu’il gémissait sur le crime qu’il venait de commettre, sa femme revint de la rivière où elle était allée se purifier de ses souillures. En entrant dans la maison, elle aperçoit la mangouste étendue sans vie à la porte, et voit de l’autre côté son mari, dont toute la contenance exprimait une profonde douleur ; saisie d’effroi, elle demande, en tremblant, quel malheur il est survenu ; et son mari lui raconte, non sans interrompre son récit par de fréquens soupirs, la faute énorme dont il a eu le malheur de se rendre coupable, en tuant sans réflexion la fidèle mangouste qui avait conservé la vie à leur enfant.

La femme du brahme se sentit pénétrée de la plus vive douleur en entendant le récit de son mari ; elle l’accabla de reproches : Malheureux ! lui dit-elle, le crime que tu as commis est au-dessus du brammathiah même (meurtre d’un brahme), et ne saurait jamais être expié. A-t-on